Histoire de la maison HUET

Graide-Station, une page d'histoire ...


Bienvenue au gîte LE BEAUCHAMP


        à Graide-Station.


Vous avez choisi de vivre quelques jours de détente dans notre belle région Ardennaise et nous vous souhaitons un agréable séjour.
Vous allez occuper la maison HUET, une bâtisse en pierre plus que centenaire ( 1883 ).
Nous vous proposons de découvrir ensemble son histoire, celle du village, de ses habitants, à travers toutes les évolutions, mais aussi les périodes difficiles, que les siècles passés nous ont apportés.

Ces souvenirs d'Ardennais constituent pour beaucoup de précieuses racines !

Tout commence en 1832...





      
Locomotive vapeur Histoire

Sujets abordés


1.  LE CHEMIN DE FER
2.  LA GARE DE GRAIDE
3.  LE HAMEAU DE GRAIDE-STATIO N
4.  LE CAFE HUET ( Gîte LE BEAUCHAMP )
5.  LA FAMILLE HUET
6.  LA MALLE-POSTE
7.  LA CHAPELLE DE GRAIDE-STATION
8.  LE TRAM
9.  LE DÉVELOPPEMENT DE L'ACTIVITÉ
10. LE TÉLÉPHONE
11. LE VILLAGE DE GRAIDE
12. LA GUERRE 14-18
13. LA MOELLONNERIE COMPERE
14. L'AUTOCAR
15. LE TABAC DE LA SEMOIS
16. L'ÉLECTRICITÉ
17. L'EAU COURANTE
18. LA GUERRE  40-45
            LE MAQUIS DE GRAIDE
19. LES FÊTES ET LES « DICÔCES »
20. LA TÉLÉVISION ET LES ANTENNES
21. LA RESTAURATION DU CAFE HUET

1. LE CHEMIN DE FER


Nous sommes le 1er mai 1834 et une bonne part de  la destinée  de notre village vient de s'écrire. En effet, Léopold 1er , roi des Belges, donne le feu vert à l'aventure ferroviaire en Belgique en signant la loi « Il sera établi dans le royaume, un système de chemins de fer ayant pour point central Malines et se dirigeant : à l'est, vers la frontière de Prusse par Louvain, Liège et Verviers ; au nord, sur Anvers ; à l'ouest, sur Ostende par Termonde, Gand et Bruges ; au Midi, sur Bruxelles et vers les frontières de la France. »

Les premiers travaux furent menés avec une célérité qui témoigne de l'extraordinaire ferveur avec laquelle avait été accueilli le nouveau mode de transport. Le 5 mai 1835, à 12 h 23, la locomotive La Flèche remorquant sept chars à bancs quittait l'Allée Verte, suivie un peu plus tard de la Stephenson et de l'Eléphant, les trois trains couvrant la distance Bruxelles - Malines en quelques cinquante minutes, soit à l'honorable vitesse de 26 kilomètres à l'heure.

Dès 1843, alors que l'on érigeait la première monumentale gare du Nord à Bruxelles, la Belgique disposait de 559 kilomètres de voies ferrées au nord du sillon Sambre et Meuse, mais encore rien n'avait été fait au sud de cet axe.

Instruit du nombre de voyageurs sans cesse croissant dans les trains, le gouvernement entendait faire bénéficier au plus vite les populations du sud des bienfaits ferroviaires. Conscient des immenses possibilités du rail dans le domaine de l'industrie, il comprenait l'importance de la liaison d'Anvers et de Liège avec les bassins houillers et sidérurgiques du Hainaut, puis de la liaison de ces bassins avec les centres industriels luxembourgeois,  lorrains  et du Haut-Rhin.

En fait, ce rail qui devait traverser l'Ardenne souleva pas mal de problèmes. Le pays est accidenté, les déclivités sont fortes et nombreuses, le terrain est revêche et des plus hétérogène. Les commissions d'études allaient aussi se heurter au mauvais vouloir des gros propriétaires qui n'entendaient pas qu'on accaparât leurs biens, et aux paysans qui voulaient bien admettre le chemin de fer, mais à la condition qu'il ne s'approcha pas trop de leurs fermes, la fumée des locomotives risquant d'empoisonner cochons et couvées.

Vu le développement rapide des lignes étrangères concurrentes, la liaison entre le port d'Anvers et le  Luxembourg devenait de plus en plus urgente. Il fallait réagir vite au prix d'énormes sacrifices pour sauver Anvers et le commerce national belge. Décision des travaux fut prise, il ne fallait pas tergiverser, et le 14 avril 1856, Namur était reliée à la capitale par voie ferrée. A ce moment, d'autres travaux étaient déjà entamés et le rail affrontait l'Ardenne.  Tailler dans la roche primaire, se frayer un chemin à travers les forêts et les marécages avec les moyens de l'époque n'étaient pas choses aisées et les constructeurs rencontrèrent de nombreux soucis. Quoiqu'il en soit, le 27 octobre 1858, au bout de 3 années de travaux, la liaison de 137 kilomètres de Namur-Arlon était inaugurée. Enfin, la liaison avec le réseau luxembourgeois était réalisée 6 mois plus tard.

Le sud du pays disposait donc à présent d'un important moyen de communication, couramment appelé la "Grande Ligne". Son succès fut immédiat auprès de la population qui délaissa  bientôt malles et chars à bancs.

Mais déjà l'on dessinait de nouvelles lignes, établissait de nouveaux plans et les regards se tournèrent en priorité  vers Athus, le seul centre métallurgique du Luxembourg belge. La nécessité de doubler complètement la grande ligne était rapidement apparue, et déjà vivement réclamée par les industriels hennuyers, lorrains et luxembourgeois. Il fallait aussi relier villes et villages de Gaume et d'Ardenne méridionale. Cette future ligne sera baptisée "Athus-Meuse" et  reliera Athus, Virton, Bertrix, Paliseul, Graide-Station, Beauraing, Houyet, Dinant et Namur.

Malgré une extrême lenteur des travaux, les premiers trains venant de Arlon par Athus parvinrent à Virton en 1871. Il restait donc à construire un dernier tronçon de 120 kilomètres entre Virton et Dinant. Plusieurs équipes se partageaient les travaux, il fallait creuser, charrier, remblayer, forer, construire des ponts, des viaducs, percer de nombreux tunnels, "Œuvre de géants" écrira Victor Hugo. Tout cela n'a été possible que parce que ces "géants", ces chemineaux comme on les appelait ont accompli leur devoir consciencieusement, parce qu'ils étaient de ceux qui "savaient ce qu'il faut faire". Et doucement vint la fin des travaux, en 1879 le rail sortait de la forêt d'Orval et traversait la Semois à Izel. En 1880, il laissait derrière lui Bertrix, Paliseul, Graide pour atteindre Gedinne. La liaison Gedinne-Beuraing prendra encore de nombreuses années vu les importants ouvrages d'art à réaliser ( 3 tunnels et un viaduc). Le 01 juin 1898, le dernier tronçon Anseremme-Dinant de la ligne de la Lesse est inauguré. Enfin, le 19 décembre 1899, les trains rejoignaient à Houyet la ligne de la Lesse, consacrant ainsi la liaison "Athus-Meuse".

Jusqu'aux environs de 1963, les locomotives à vapeur vont assurer la traction sur notre ligne, soit pendant plus de 80 ans. Les enfants qui allaient à l'école à pied étaient souvent arrêtés par le  passage à niveau fermé et c'était à chaque fois un extraordinaire spectacle. L'on entendait au loin le " tchouf, tchouf, tchouf,... ", puis on apercevait la fumée s'élevant à l'horizon, puis un petit point noir qui grossissait de plus en plus et enfin l'impressionnante locomotive s'immobilisait en gare avec  des longs crissements aigus, fumante et dégoulinante. C'était aussi un véritable concert ponctué  ça et là de jets de vapeur. Le conducteur était en bleu, foulard rouge autour du cou, casquette foncée sur la tète, perché dans sa cabine à tout vent sur l'arrière de la machine, près de sa réserve de charbon.

C'était alors habituel que les groupes d'enfants lui crient : " De l'eau, on veut de l'eau ! " Et de temps en temps, lorsque le cheminot était sympathique, il les arrosait de petits jets d'eau chaude, provoquant ainsi animation, rires et cris de joie. Et les pistons se remettaient lentement en mouvement avec un fascinant jeu de bielles, de roues, de rayons, de coulisses et le train s'ébranlait. Le premier "tchouf" était suivi d'un long silence, puis venait le second, puis un troisième plus rapproché et le rythme s'emballait. Le long convoi défilait de plus en plus vite et s'éloignait. Le chef de gare venait alors actionner la manivelle pour remonter les barrières.

La magie retombait, c'était l'école, nous allions être en retard !

L'arrivée des locomotives diesel mit fin à ces beaux souvenirs. Une quarantaine d'années plus tard, la ligne fut électrifiée sous une tension de 25.000 volts. La première motrice électrique ouvrira cette nouvelle ère le 15 octobre 2002 et la vitesse passera de 90 km/h à 120 Km/h.


2. LA GARE DE GRAIDE


Le tracé de cette ligne ne put traverser chaque village mais bien souvent passait à quelques kilomètres de là. Le village de Graide en était éloigné de 3 kilomètres. De petites gares avaient été construites au croisement des chemins et c'est ainsi que l'on vit se développer dans la région de petits hameaux comme Paliseul-Gare, Gedinne-Station et Graide-Station. La mise en service de notre gare eut lieu le 20 décembre 1880.

Située en bordure du chemin menant de Graide à Baillamont, notre gare était implantée sur un léger relief proche de fonds plutôt marécageux. Non loin de là, Il y avait en pleine nature, une très ancienne maison isolée que l'on appelait "Borbouze". Lors de l'arrêt des premiers trains en gare, le chef de gare avait donc pris l'habitude de crier "Borbouze" pour signaler le lieu aux voyageurs.

Au temps de la  vapeur, la halte de Graide-Station était la bienvenue pour souffler un peu et se ravitailler en eau. En effet la longue montée venant de Beauraing n'accusait pas moins de 160 mètres de dénivelé.

Le long de la voie ferrée, côté Graide avait été aménagé un important quai à bois surplombant une voie de chargement principalement destinée aux wagons "plats". Le chargement des grumes que l'on faisait rouler sur des "coulettes" (bois arrondis très résistants) était de cette façon possible. De l'autre côté, plusieurs voies de manoeuvres et de stationnements accueillaient les wagons dits "de marchandises". Un accès en gros pavés de rue s'intercalait entre ces voies pour permettre le chargement ou déchargement  des marchandises.

Dans les années 60, le chef de gare habitait encore dans le bâtiment de la gare avec toute sa famille, c'était Monsieur HUBIN.

3. LE HAMEAU DE GRAIDE-STATION


Aux environs des années 1870, une gare fut construite  aux abords du chemin menant de Graide à Baillamont. C'était la pleine campagne entre prés et forêts. Les premières maisons s'élevèrent donc en bordure de cette voie à proximité de la gare.  Il fallait des logements, des dépôts, des magasins pour faciliter le commerce, des cafés, des hôtels pour accueillir les voyageurs, les restaurer et  les loger, des écuries aussi pour assurer repos et nourriture aux nombreux chevaux d'attelages.

Venant de tous horizons, chariots, charrettes, carrioles, chars à bancs, malles-poste animèrent bientôt la rue au bruit régulier des sabots, au crissement des hautes roues cerclées de fer et à la mélodie des grelots attachés aux colliers des chevaux.

Sur la plupart des impostes des quelques maisons, on y lisait l'inscription "Café". Au fil des années vinrent s'ajouter d'autres encadrements ; c'est ainsi qu'on put lire à une époque sur une même façade, actuellement le restaurant "Le Matefaim" les inscriptions suivantes :

  • Hôtel de la Station
  • Ets Brion  - Dury
  • Autos en location
  • Huile Essence pour autos
  • Pétrole, Charbon
  • "Bière Léopold"
  • Bock Léoplold
  • Téléphone N° 68
  • BP
Une petite pompe à essence BP avait été installée en bordure de la route.

De l'autre côté du passage à niveau, se dresse encore une imposante bâtisse, c'était  l'Hôtel Collard-Dumonceaux

Face à la gare, la façade se l'Hôtel du Commerce Bertholet-Martin  affichait :

  • Arrêt du tram
  • Dépôt de Colis
  • Dépôt de matériaux de construction
  • Sel et pétrole
  • Graisse pour chariots
  • Voitures de louage

Quelques maisons plus loin vers Baillamont, c'était le "Café HUET" , l'actuel gîte  "Le Beauchamp". Une bonne cave voûtée y garantissait des boissons bien fraîches toute l'année, un petit comptoir en bois dans le coin d'une grande pièce aux pavés gris et bleus, quelques chaises et tables, quelques modestes chambres, assuraient l'accueil des  hôtes de passage ; une écurie hébergeait aussi confortablement les chevaux, enfin un appentis abritait un petit commerce de charbon.

Il est intéressant de se rappeler que  la construction du quartier se réalisa au fur et à mesure des besoins et probablement des revenus financiers. C'est ainsi qu'en face du café HUET fut construit en briques la maison parentale COPET. Elle comportait un couloir central et une pièce de chaque côté. Plus tard, cette maison fut divisée en deux, Jeanne COPET, la fille, reprit le couloir et la pièce de droite, Pierre COPET, le fils, reprit la pièce de gauche. Il fit alors construire un couloir sur le côté qui accueillit les escaliers, et à l'étage une chambre supplémentaire. Une première écurie y fut accolée, puis une seconde.

Juste à côté,  Albin JADOUL acheta  en 1898, 3 ares de terrain. Il y construisit une maison en pierre de 2 pièces bas, 2 chambres à l'étage, encadrant la porte d'entrée centrale et l'escalier. A une époque, la pièce de droite sera recreusée de 2 marches pour répondre à certaines exigences de volume et ainsi obtenir l'autorisation d'ouvrir un café. Ce sera le café JADOUL où l'on pouvait aussi se restaurer. Une étable pour 4 vaches  fut ajoutée sur le côté, une extension à l'arrière dans le prolongement de la pente du toit, et enfin un petit garage constitueront  l'ensemble que nous connaissons aujourd'hui. Deux chevaux et quelques veaux agrandiront le cheptel. Albin tiendra commerce de charbon, pétrole et sel dans le petit garage sur le côté. Son épouse s'occupera de la restauration et tiendra le café ; à l'occasion, on y dansera.  Après la guerre 40, leur fils qui habitait Baillamont viendra s'y établir avec ses enfants. Georges JADOUL  installera son magasin de vélos dans l'ancien café, son petit atelier dans l'écurie. Le garage abritera son taxi. Il y eut, à une certaine époque, 3 taxis à Graide-Station.

De l'autre côté de la maison COPET, sur un terrain de 2.35 ares fut adossée  plus tard l'ancienne pharmacie de Jean JAUMOTTE avec ses grandes vitrines.

4. LE CAFE HUET  ( Gîte Le Beauchamp )


Dans cet essor, au terme d'un acte notarié reçu par Maître RENSON, à Bièvre, le 19 mai 1882, Monsieur et Madame JAUMOTTE - DUJEUX acquièrent un terrain d'environs 50 ares, en bordure du chemin menant à Baillamont. Cette parcelle profonde d'une centaine de mètres était assez marécageuse sur la droite et c'est dès lors sur l'extrême gauche qu'ils vont faire bâtir leur maison.

Une tranchée de 1.80 mètres de profondeur sera creusée sur le pourtour (12 x 10 mètres) et comportera une excavation d'identique profondeur sur le côté gauche pour accueillir la cave. A ce niveau le terrain est compact et caillouteux et les premières pierres de soubassement seront posées à même le sol. Le premier mètre terminé, à l'endroit de la cave, une solide voûte en pierres sera assemblée sur un coffrage entièrement plancheté. Il n'y avait pas de hourdis à cette époque, et à défaut d'un cintre en pierres, il fallait opter pour  le plancher en bois comme dans beaucoup d'anciennes maisons de la vallée de la Semois. La clé de voûte sera constituée de 4 lignes de briques posées de chant, probablement moins hautes et plus régulières à mettre en oeuvre.

Contre le mur arrière de la maison sera creusé un puits rond d'une profondeur d'environs 8 mètres, tapissé de pierres sèches et se terminant en cuvette dans la pleine roche. Enfin, un drainage sera prévu en tuyaux de grès de 1 mètre, maçonnés aux emboîtements. Il partira du sol de la cave et retrouvera l'air libre 50 mètres en contrebas, parant ainsi à toutes montées des eaux.

façade ancien cafe huet graide station

Les épais  murs extérieurs de la maison seront élevés totalement en pierres du pays. En façade de larges encadrements de pierres dessineront portes et fenêtres. Un second linteau cintré en briques complétera chaque ensemble afin de répartir les charges latéralement. Les ouvertures arrières seront quant à elles bordées de briques. Les murs intérieurs du rez-de-chaussée seront constitués d'une double brique croisée, à l'étage nous retrouvons une simple brique renforcée de colombages. La charpente du toit de forme typiquement ardennaise sera totalement planchetée et couverte d'ardoises vraisemblablement régionales.

Une seule descente d'eau en zinc sera positionnée  comme à l'époque en milieu des façades avant et arrière.

Une écurie  sera par la suite adossée latéralement sur le côté sud, son plafond sera constitué de voussettes en briques, à l'étage dans la soupente du toit, le volume sera utilisé comme fenil. Nous déblaierons le restant du foin en 1990 lors des travaux de restauration.

Un troisième agrandissement y sera encore accolé pour le commerce de charbon. Sur l'arrière de l'écurie, de menues ajoutes en briques accueillaient quelques moutons ou cochons ainsi que le WC qui, en ce temps-là,  se trouvait généralement à l'extérieur !

Côté de la gare enfin une ajoute de 3.50 mètres de largeur sur une longueur d'environs 5 mètres, construite en briques, accueillait dans le mur du fond un four à pain. Une porte et une fenêtre donnait vers la rue, un passage intérieur avait aussi été percé pour accéder à la petite cuisine arrière. Cette partie dut être abattue en juin 1990.

5. LA FAMILLE HUET



GENEALOGIE



JAUMOTTE  Joseph    +    DUJEUX  Amélie       

( † 1894 )                                    ( † 1934 )

    eurent 3 filles : Emilia, Emerance et Maria JAUMOTTE


JAUMOTTE  Emilia      +      HUET  Achille

( † 1944 )                                        ( † 1890 > 1894 )

    eurent 2 filles : Marie-Alice Henriette et Marie-Amélie HUET


HUET  Marie-Alice Henriette

( †  1989 )

HUET  Marie Amélie

( †  1978 )

 

JAUMOTTE Emerance   

( † 1976 )      Soeur de la Doctrine Chrétienne


JAUMOTTE Maria

( † 1981)


LES SUCCESSIONS


Monsieur  Joseph JAUMOTTE  va décédé le 12 juillet 1894 (seulement 10 ans après avoir bâti la maison). Il laisse sa succession pour
1/4 en  usufruit et pour 1/4 en pleine propriété à  Amélie DUJEUX en vertu d'un acte de donation entre époux passé le 16 juin 1894 (soit 26 jours avant sa mort, ce qui invite à croire qu'il était fort malade ! ), acte reçu par Maître DOM, notaire à Gedinne
et pour le surplus à ses 3 filles.

Selon cet acte, on apprend que la fille aînée Emilia JAUMOTTE est elle aussi déjà veuve de Monsieur Achille HUET, clerc de notaire chez Maître DOM à Bièvre. De leur union étaient nées 2 filles,  Marie-Alice Henriette HUET et Marie-Amélie HUET.

Madame  DUJEUX Amélie  décède le 03 juin 1934, laissant sa succession à ses 3 filles, Emilia, Emerance et Maria  JAUMOTTE.

Madame  JAUMOTTE Emilia  décède le 29 mars 1944 laissant sa succession à ses 2 filles,  Marie-Alice Henriette  HUET et Marie-Amélie HUET.

Mademoiselle  JAUMOTTE Emerance  décède le 23 septembre 1976 laissant sa succession pour

moitié en pleine propriété à sa sœur Mademoiselle Maria JAUMOTTE et pour
1/4 en pleine propriété chacune à ses 2 nièces Marie-Alice Henriette et Marie-Amélie HUET.

Mademoiselle  HUET Marie-Amélie  décède le 07 juillet 1978 laissant sa succession à sa sœur Marie-Alice  Henriette.

Mademoiselle  JAUMOTTE Maria  est décédée le 27 juillet 1981 laissant sa succession à sa nièce, Mademoiselle Marie-Alice Henriette

Mademoiselle  HUET Marie-Alice Henriette  est décédée le 12 avril 1989.

Le 15 juin 1990, suite à une vente publique, au terme d'un acte reçu par Maître Dumont et Castermans, notaires à Gedinne, la maison a été attribuée à la SPRL LE BEAUCHAMP.


LEUR VIE


A la lecture de ces successions, il est assez surprenant de constater que de 1894  à 1989, soit pendant 95 ans, cette maison sera habitée et entretenue en famille uniquement par deux dames et trois demoiselles.  Marie-Alice Henriette et Marie-Amélie  perdirent aussi leur père très jeunes.

Pourtant, pendant presque un siècle, elles vont accueillir leurs hôtes avec attention et écoute, soucieuses du bien-être de chacun et heureuses du service rendu.

Pour la petite anecdote, dans cette auberge, les boissons ont toujours été servies à la température de la cave ! En effet, dans le coin arrière du bar avait été aménagé au sol une petite trappe de 20 centimètres de côté, tout juste pour le passage d'une bouteille. Lorsqu'un client passait une commande, Marie ouvrait la porte de la petite cuisine située juste à l'arrière, et transmettait la commande à sa sœur Henriette ou à sa tante Maria, il y avait toujours une personne de service dans la cuisine. Cette dernière s'empressait de descendre à la cave pour rassembler les bouteilles demandées et les présentait une à une dans l'orifice de la voûte . Marie les récupérait une à une dans le coin derrière le comptoir pour les servir ainsi toujours bien fraîches. Les bouteilles une fois vides reprenaient le même chemin à la commande suivante. Il n'y a jamais eu de frigo dans ce café et ce système s'est poursuivi jusqu'à sa fermeture,  fin des années 70. Que de fois ne sont-elles pas descendues à la cave. L'usure des marches d'escaliers en pierre bleue nous le rappelle encore !

Elles cultivaient aussi un immense jardin jusqu'au pied du grand chêne, et élevaient quelques moutons sur le pourtour. Une vie bien simple, calme, au jour le jour !

Ce fut un réel plaisir pour nous de reprendre la gestion de ces  lieux, de les restaurer dans le respect de la mémoire et de marcher sur les traces qu'elles nous ont laissées ...

6. LA MALLE-POSTE


En 1887, une malle-poste, tirée par 3 chevaux,  partait  de la gare de Graide-Station vers Vresse-sur-Semois et Sugny, afin d'assurer de manière régulière le transport du courrier, des colis postaux, de quelques voyageurs et de leurs bagages. La distance de ce trajet était d'environs  24 kilomètres. Les populations vivaient  encore à cette époque au son et au rythme des pas des chevaux. En 1911, c'était l'Hôtel Dury-Petitjean qui était concessionnaire du service Malle-Poste Graide-Vresse-Sugny. Il y avait différents attelages et Monsieur PRIGNY, qui habitait sur place, assurait  une liaison Graide - Vresse - Alle. Il  vendait aussi à l'occasion quelques médicaments !

Certaines malles-poste, dépendant directement de l'administration des Postes, étaient conduites par des postillons  en uniforme et armés. Sur les routes, ils avaient la priorité absolue sur les autres attelages et tenaient le haut du pavé.
                             
Pour le voyageur désireux de séjourner dans la proche et belle vallée de la Semois, la gare de Graide-Station fut pendant longtemps le passage obligé. De nombreuses personnalités empruntèrent ainsi la malle-poste jusque Vresse-sur-Semois,  une petite localité nichée dans un écrin de verdure au fond de la vallée. Ce village touristique devint au fil des ans le repaire privilégié de nombreux artistes , chaleureusement accueillis par José CHAIDRON. Dans son hôtel réputé, "La Glycine", à l'imposante façade blanche, agrémentée au printemps de jolies grappes de fleurs mauves, il perpétua une tradition de tourisme à l'ancienne. Son sens de l'accueil, son originalité, sa délicatesse et son goût des Arts en firent bientôt le mécène de nombreux peintres. Ses salons et sa galerie d'art attirèrent de nombreux personnages célèbres et écrivains. Grand collectionneur, il créa aussi un musée du tabac et du folklore.

Aujourd'hui, la " Fondation Chaidron-Guisset " ( Guisset étant le nom de la maman de José ) dispose d'un vaste complexe culturel, accueillant des expositions temporaires et permanentes ainsi qu'un centre d'interprétation de l'art régional. L'École de Vresse y est spécialement mise en valeur avec des oeuvres d'Albert RATY (1889 – 1970), de Johnny SCHUDDEBOOM, d'Yvonne TELLIER (1917 – 2007), de Jacques VANDER ELST (1925 – 1991), et de Marie HOWET (1897 - 1984). Camille BARTHELEMY (1890 - 1961) peignit aussi une très belle toile sur le village de Graide.

              Attelage de Monsieur PRIGNY

                     

En route pour Vresse ! 

                        
                Malle-poste Graide-Sugny

7. LA CHAPELLE DE LA GARE


Une chapelle fut érigée vers les années 1900 par la famille Bertrumé qui habitait juste à côté, et qui dans le même temps se réserva un cimetière privé, juste à côté. Cet édifice fut ensuite donné à la fabrique d'église du village de Graide. Cette chapelle fut dédiée à St Joseph.

Le service a été assuré par le curé de Graide qui ensuite a eu recours à des pères étrangers. Dans les années 1930, c'était le père Degembes qui venait de Louette, puis les pères de Chanly qui venaient au tram, puis les pères de Bertrix qui venaient au train pendant la guerre 40-45. On se souvient particulièrement du père Eleuthère qui venait dire la messe le dimanche matin, puis qui empruntait de longs chemins à pied pour officier à Six-Planes. Il revenait ensuite à la gare pour reprendre la micheline vers Bertrix dans l'après-midi. Ce père franciscain était un homme jovial, fort et dynamique. Été comme hiver, les pieds nus dans de larges sandales, il portait une épaisse soutane brune à large capuche, ceint à la taille d'une corde à noeuds retombant vers le sol. L'ancien autel en bois de la chapelle tremblait à chacun des ses pas si bien qu'il avait fallu lier avec du fil à coudre, les 6 hautes bougies, pour éviter les culbutes.

Ce n'était pas non plus une mince affaire pour les petits serviteurs qui, à 7 ou 8 ans devaient apprendre par cœur toutes les répliques en latin sans oublier le long "confiteor" ! C'était encore l'époque où ils accompagnaient le prêtre dans sa traversée du village pour apporter la communion à un malade ou lui donner l'extrême-onction. Tous étaient en habits de cérémonie, un enfant ouvrait la marche portant  une haute croix, le prêtre portait le ciboire et le second enfant clôturait le cortège en secouant énergiquement d'une main la sonnette utilisée pour les offices et en portant de l'autre le récipient d'eau bénite.

Vers les années 65, les curés de Graide étant motorisés, ils reprirent le service à la chapelle de la gare.

8. LE TRAM DE GRAIDE-STATION A WELLIN


Le 14 août 1908, une ligne de tram entre la gare de Wellin et la gare de Graide-Station fut inaugurée .  Cette voie vicinale (du latin vicinus qui signifie voisin), d'une longueur de  25.7 kilomètres, dénommée ligne 158,  était destinée à sortir une zone rurale d'un certain marasme économique en la reliant à la ligne de chemin de fer 166 Dinant - Bertrix - Athus. 

Partant de Graide-Station, elle passait à Graide village, Porcheresse, Gembes, Daverdisse, la gare de Redu, Neupont, Halma et arrivait à la gare de Wellin.

C'était une des plus belle ligne de tram de la région, construite en pleine nature et longeant le ruisseau de l'Almache, puis la Lesse à partir de Daverdisse. Cette ligne sera démontée par l'autorité occupante allemande en 1916, puis  reconstruite  après la guerre en 1920. Le 1er janvier 1948, le trafic voyageur est supprimé entre Graide et Daverdisse et remplacé par des navettes de bus. La ligne est encore exploitée pour le trafic marchandises, principalement le bois, jusqu'en 1957 où elle fut définitivement abandonnée malgré le souhait des autorités communales de Wellin de la maintenir en fonction comme  ligne touristique. Elle est de nos jours en partie réaménagée en RAVEL (gare de Redu - gare de Porcheresse). La restauration en RAVEL du  tronçon vers Graide-Station est actuellement en cours d'études au Bureau Economique de la Province.

Cette ligne de tram réalisait aussi une jonction entre la ligne de chemin de fer 166 "Athus-Meuse" et la "Grande Ligne" 162 Namur - Luxemboutg. En effet, de la gare de Wellin partait  une seconde ligne de tram vers la gare de Grupont desservant ainsi les villages de Halma, Neupont, Chanly, Resteigne, Tellin, Bure et Grupont. Enfin, une troisième ligne de tram reliait encore la gare de Wellin à la gare de Rochefort via les localités de Ave, Auffe, Han-sur-Lesse. Le tramway reliant le centre de Han-sur-Lesse à l'entrée des grottes faisait partie de ce même réseau. A Rochefort, le tram venant de Wellin rejoignait  la ligne 150 Jemelle - Houyet. 

Pour la petite anecdote locale, des anciens de Graide-Station racontent que jadis le tram les emmenait  dans la journée à la kermesse annuelle de  Porcheresse,  mais que bien tard dans la nuit, c'est à pied qu'ils rentraient par le même chemin en longeant les rails du tram !

En 1913, un tram dénommé "Le Vicinal" partira  de la gare de Gedinne-Station et desservira la vallée de la Semois, via Louette-Saint-Pierre, Houdrémont, la gare de Nafraiture, la gare d'Orchimont, Vresse, Membre et Bohan. Il sera supprimé en 1953.

9. LE DEVELOPPEMENT DE L'ACTIVITE


La gare de Graide-Station, comme beaucoup d'autres, allait rapidement devenir le point de ralliement de toute une région. En effet, jusqu'aux années d'après-guerre, celui qui désirait recevoir quelque chose devait venir le chercher dans une gare. Les lignes de chemin de fer étant assez espacées, cela  nécessitait de longs et fastidieux déplacements  d'attelages de chevaux, avec couplages à chaque côte importante si les charges l'imposaient.

Toutes les marchandises arrivaient ou repartaient donc par le train et l'on retiendra notamment :
  •   le ballast, le sable, le gravier, les cailloux pour la construction et l'entretien des routes et des chemins,
  •   les pommes de terre, les engrais, la chaux, le charbon,
  •   les ciments, les briques, les cendrées, les tuiles, les ardoises pour la construction,
  •   le sois en grumes ou découpés en bois de mines, les billes de chemin de fer et les bois sciés,
  •   le pétrole et l'essence,
  •   les eaux, bières et limonades,
  •   les bottes d'écorces pour le tanin, le lin,
  •   les tabacs de la Semois,
  •   les animaux, (il n'était pas rare de voir des troupeaux de 50 ou 100 bêtes embarquer dans les wagons à grands renforts d'aboiements des chiens et de beuglements du bétail), 
  •   les farines pour les boulangers jusqu'en 1947 - 48,
  •   les petits envois, le courrier, ils arrivaient dans le wagon "messagerie".

Vers 1908, le tourisme commençait à se développer vers la belle et proche vallée de la Semois. Les voyageurs descendant du train à Graide-Station y  faisaient souvent étape une nuit avant d'embarquer  le lendemain matin, frais et dispos,  dans la malle-poste ou dans un char à bancs pour poursuivre leur  voyage.

Tous les anciens s'accordent à dire qu'il y avait à cette époque une fameuse activité aux alentours de la gare et il n était pas rare de constater de très longues files d'attelages, surtout au moment de l'arrachage des pommes de terre.

En 1921, une nouvelle route vers Monceau fut réalisée et vit en 1926 l'implantation des nouveaux bâtiments de la "Ligue Agricole" qui devint ensuite le "Boerenbond Belge". A côté s'installa une entreprise de fabrication de moellons. La route de Naômé vit s'établir la scierie GENON en bordure des voies ferrées, et la route de Graide fut dotée d'une station ESSO et de l'atelier de construction métallique LEONET (construction de wagons). Le village s'étoffa d'une école, de 3 fermes, de la carrière de sable DELSAUT, d'un marchand de bois, d'un marchand de pommes de terre, d'un tailleur de pierre, d'un bureau de poste, d'un petit garage, de différents services de taxis, d'un électricien, d'une couturière, d'une pharmacie, d'un marchand de vélos, de plusieurs petits magasins d'alimentation (Courthéoux, Végé, Uma, tissus, chaussures.

Aujourd'hui, beaucoup de ces commerces ont disparu, seules quelques anciennes façades, quelques vieilles cartes postales témoignent encore de l'essor du siècle dernier. Le quartier est devenu plus résidentiel si bien que les villages de Bièvre, Graide-Station et Graide se sont rejoints.

10. LE TELEPHONE


L'année 1912 vit s'élever dans nos villages de nombreux  hauts poteaux de bois, c'était l'arrivée du téléphone. Il y avait 2 téléphones publics à Graide-Station, le premier était installé à l'Hôtel du Commerce, en face de la gare, et le second au café HUET. Un panneau représentant un téléphone était apposé à proximité de ces 2 maisons. Le N° 68 était attribué à l'Hôtel de la Station.

Nous étions encore bien loin de nos actuelles tablettes !

11. LE VILLAGE DE GRAIDE


Le village de Graide se situait à 3 kilomètres de la gare et était jadis principalement peuplé de laboureurs, de fermiers, de bûcherons et de quelques artisans. Un recensement datant de 1754 nous rapporte que 70 ménages habitaient le village et qu'ils entretenaient 1600 moutons, 580 bêtes à cornes, 140 chevaux et 4 chèvres.

Les chevaux de trait étaient présents partout. Les lavandières se retrouvaient au lavoir en bordure du ruisseau pour les lessives, les ménagères au four banal pour la cuisson des pains, les habitants vivaient de leurs élevages et de leurs cultures. La plupart des habitations possédaient un puits et une pompe à bras ou il fallait se déplacer à la fontaine la plus proche. 

La cuisson des galettes avec les anciens fers à gaufres déposés sur le poêle à bois était de tradition. La dernière gaufre était cuite avec le restant de pâte associé au morceau de lard qui avait servi à graisser le fer pendant toute la cuisson. Elle était dénommée la « bounante ». Ces galettes étaient parfois dégustées recouvertes de confiture de « canwanwan », comprenez de myrtilles. Ces 2 appellations vernaculaires ne s'employaient qu'à Graide. Dans les années 1980, la salle des jeunes de Graide-Station sera aussi dénommée « al' bounante » car lors des bals de la kermesse, on n'en finissait jamais de boire le dernier verre de bière !

L'origine de ce village est très ancienne car l'on retrouve son nom dans une charte de l'abbaye de Stavelot datant de 770 à 779. Les historiens attribuent la construction de la tour de l'église (monument classé), utilisée au départ comme relais de chasse, à Pépin le Bref, le père de Charlemagne.

12. LA GUERRE  14-18


Le 1er août 1914, à 15h30, le ministre français de la Guerre signait  le décret de mobilisation générale qui commencera dès le lendemain. Des dizaines de milliers d'hommes dans toute la France repeignèrent leur garnison.

Le samedi 22 août 1914, une brigade française traversa Graide-Station en direction de Porcheresse. D'importantes forces étaient alors concentrées dans la région. Les Français avaient l'ordre de progresser vers l'Est et de mener combat à toutes rencontres ; les Allemands, lourdement armés, formaient l'aile gauche de l'énorme masse envahissante et cherchaient à conquérir au plus vite le front occidental. Des combats de "rencontre" sur une ligne de Gedinne à Virton allaient s'avérer particulièrement meurtriers à Bièvre, à Porcheresse, à Maissin, à Anloy, à Longlier, à  Rossignol, à Tintigny, à Ethe et dans la forêt de Luchy du côté de Ochamps.

Dans notre région, vers 21h30, l'armée allemande engageait de violents combats à Porcheresse. Sur les 125 maisons que comptait le village, seulement 23 vont échapper aux flammes et six civils sont tués. Vers 1 heure du matin, les Allemands entraient dans Graide et se dirigeaient vers Bièvre et Gedinne.

Le matin du 23, à 8h30, Bièvre était bombardé et s'en suivit de terribles affrontements. 72 maisons sont brûlées et 17 civils sont tués. Les soldats français inférieurs en nombre et encerclés résistèrent héroïquement. Ils laissèrent plus de 300 morts sur le champ de bataille. Les envahisseurs ont subi également d'énormes pertes non quantifiées, mais des témoins ont raconté "qu'ils brûlaient ou faisaient disparaître des cadavres".

Deux jours après la bataille de Bièvre, le commandement allemand réquisitionna des civils pour enterrer sommairement les victimes disséminées dans la campagne, sans identification,  rarement  une croix de bois les signalait. Ce ne sera que trois ans plus tard en 1917, que des spécialistes  germains viendront examiner les corps tentant d'identifier les victimes françaises. Environ 200 d'entre-elles le seront ainsi qu'un nombre indéterminé d'Allemands (on estime à 1.000 le nombre total des victimes). Un champ sur la hauteur sera réquisitionné comme cimetière non loin de la gare de Graide, le long du vieux chemin menant de Bièvre à Naômé, au lieu-dit "Borbouze". Les anciens estimaient à plus de 500 tombes l'importance du lieu de repos. Une colonne octogonale en pierre d'environ 5 mètres surplombait ce cimetière (photo ci-dessous). Deux imposantes pierres de taille  portaient les inscriptions suivantes en français et en allemand :

" A la mémoire des braves soldats français et allemands tombés pour leur patrie les 23 et 24 août 1914 dans le combat de Bièvre " .

                                    Ancien cimetière franco-allemand de Graide-Station


Seulement quatre petites croix de ce cimetière ont été retrouvées dans les parages, 2 de soldats français, 1 d'un caporal français et la dernière est celle d'Auguste RAME, soldat 2ème classe du 135ème Régiment d'Infanterie. Né le 26 mars 1891, il est venu donner sa vie dans les combats de Bièvre à l'âge de 23 ans.
La petite rue qui conduit aujourd'hui à ce mémorial mériterait bien un jour, en reconnaissance, de porter son nom !


Les 4 croix du vieux cimetière militaire
    Auguste RAME
Croix de Auguste RAME, soldat français

LES RECLUS DE GRAIDE


Au début de la guerre après 6 heures d'atroces affrontements dans la forêt de Luchy, l'armée française parvint à se dégager et à se replier vers Bouillon. Le 20ème Régiment d'Infanterie comptera à lui seul 26 officiers et 1363 soldats tués, blessés ou disparus. Des dizaines d'entre eux, isolés de leur troupe vont errer des mois durant dans les forêts Ardennaises. Le Lieutenant Guilhem-Ducléon et ses 5 compagnons vont trouver refuge dans une cabane mais elle sera brûlée par les Allemands. Ils vont alors occuper à 4 mètres sous terre un ancien puits de mine où l'on extrayait jadis du minerais de fer. Le 16 novembre 1914, ils se présentèrent à la porte de  la première maison du village de Graide en venant de Gembes.

C'était la maison de Clovis LEONET. Dans cette rue en pente vers le ruisseau, la façade en pierres s'appuyait sur le dessus à un talus de 2 mètres et se prolongeait en contrebas par une grange mitoyenne, attenante et communiquant avec l'écurie de Léon MARTIN. Sur l'avant, la maison du "Père Vis" et de la "Gélique" se composait comme la plupart des fermes d'Ardenne, d'une cuisine et d'une"chambre" en surplomb de la cave, de 2 "pièces" à l'étage avec les lits et d'un grenier sous un toit d'ardoises. A l'arrière, se trouvait l'écurie surmontée de la "travure". Une cour fermée de 3.50 mètres sur 4 accueillait encore d'un côté un rang de cochons sous un hangar à bois, de l'autre côté un petit fournil où l'on cuisait le pain. Sur le talus du quatrième côté avaient été empilés des fagots protégeant ainsi le lieu des regards  indiscrets. 

Ces 6 soldats français furent ainsi recueillis et cachés en ces lieux  pour quelques semaines, pensait-on, la victoire de la Marne devait bientôt mettre fin à ces invasions, mais la victoire se fit attendre pendant 4 ans !

Les 6 premiers mois, ces hommes vécurent dans un trou creusé dans le foin sur la travure, puis s'installèrent sous le toit du fournil et adoptèrent enfin le fournil lui-même comme résidence de jour. Une cache souterraine avait alors été creusée sous le pré voisin et l'on y accédait par un petit conduit dissimulé débouchant dans la porcherie. C'est là qu'ils passaient alors les nuits et se réfugiaient en cas d'alertes.

Leurs conditions de vie étaient particulièrement pénibles, ils souffraient du froid et de l'humidité, ne mangeaient  presque que des pommes de terre bouillies avec un peu de lard et toujours trop peu de pain, l'été ils étaient envahis par les puces. Ils devaient aussi surmonter un terrible sentiment de culpabilité,  se sentant inutile à la défense de leur Patrie. Le lieutenant tenta bien de motiver ses troupes à un peu de lecture, d'enseignement, d'artisanat en bois ou tâches ménagères mais sans grands succès.

Au début du printemps 1917, une lettre de dénonciation informa l'ennemi que 8 soldats français se cachaient dans la région. Deux rescapés des combats de Maissin furent appréhendés dans les bois de Porcheresse et tous les villages environnants furent perquisitionnés et étroitement surveillés. Et, comble du sort, c'est dans la maison de Clovis que s'installèrent 15 gendarmes et 3 chiens pour garder l'entrée du village ! Les 6 soldats français se cachèrent une semaine entre le plancher et le sol de la maison voisine, puis regagnèrent leur trou derrière la porcherie, dans l'obscurité, le froid, l'humidité pendant 3 autres  longues semaines sans pouvoir en ressortir. Une marmite de pommes de terre leur était glissée le matin pendant la relève des gardes, par l'orifice de la porcherie. Les 3 positions permises dans ce réduit souterrain étaient couché, à genoux ou assis tailleur, et nous éviterons de parler des odeurs !

Il est difficile de nos jours d'imaginer dans quelles conditions ont vécu ces soldats dans une telle promiscuité, dans un climat de peur constante et de relations tendues engendrées par les différents niveaux d'instruction, par l'inaction, par la pénible soumission à un gradé, par les suspicions et les haines  mal contenues.

Après la Libération, ils quittèrent Graide le 15 novembre 1918 pour retrouver leur Patrie. Le lieutenant fut par la suite inscrit au Tableau de la Légion d'Honneur et ses camarades furent décorés de la médaille militaire.

Le village de Graide ayant été épargné du désastre au cours de la guerre, la famille LEONET fit bâtir sur la route de Gembes une chapelle en remerciement à la Vierge et l'un de ces soldats revint poser la première pierre au début des années 1920.

En vous promenant sur la route de Gembes, vous pourrez reconnaître la maison de Clovis et quelques dizaines de mètres plus haut, la petite chapelle privée, témoins d'une pénible période que durent affronter nos différents Pays !

13. LA MOELLONNERIE COMPERE A GRAIDE-STATION


Les Ets COMPERE, conduits par Edmond, avaient acquis dans les années 1920  - 1925 un terrain entre la Ligue Agricole et le tailleur de pierre.

Situé entre la route de Baillamont et la nouvelle route de Monceau, qui venait d'être ouverte en 1921, cette parcelle était, par son dénivelé, l'endroit idéal pour y implanter une fabrique de moellons en béton, matériau nouveau dans la construction,  qui était appelé à révolutionner grâce à sa facilité de pose, la traditionnelle construction en pierre.

Adossé à la cave du bâtiment construit par la Ligue Agricole  en 1923, un vaste appentis fut érigé au niveau de la cour et de la route de Baillamont.

Devant celui-ci, la route de Monceau était surélevée et permettait de stocker en contre-bas le poussier nécessaire à la fabrication. Celui-ci arrivait par wagons à la gare de Graide. Pour effectuer le dégarage des wagons, un vieux camion italien, aux bandages pleins et dont le mouvement était transmis aux roues motrices par d'énormes chaînes, situées à l'air libre le long du châssis. Les bennes de camion n'étant pas encore fort répandues,  c'est à la main qu'il fallait à deux reprises pelleter le poussier , la première fois, du wagon au camion, puis arrivé au chantier,  du camion vers le tas de stockage. Ce camion italien était  vraisemblablement un surplus de l'armée italienne qui a séjourné dans la région en 1918 - 1919.


Camion Compère Edmond
Type de camion acquit par Edmond COMPERE
Machine à moellons 1920
Ancienne machine à meollons manuelle

La machine de fabrication des moellons fascinait les enfants. Elle était conçue comme ceci : dans un fort bâti de poutrelles verticales,  entre 2 axes superposés distants l'un de l'autre d'environ  1.5 mètre et garnis de roues dentées, tournaient 5 fortes chaînes, munies en différents points d'ergots. Ces chaînes se mouvaient derrière 5 pilons en acier dont les longues tiges coulissaient en hauteur. Sur ces tiges entre les coulisseaux dépassait un ergot sous lequel, à chaque rotation, venaient s'appuyer les ergots des chaînes qui remontaient ainsi les pilons. Arrivés au sommet de leurs courses, ceux-ci retombaient de tout leur poids pour compacter le béton déposé dans un moule et le cycle reprenait. Ces marteaux-pilons étaient doubles et de formes différentes. Les n° 1-3-5 étaient étroits, les n° 2-4 étaient carrés.

Sous ce mécanisme était installé un moule en fonte, qui s'ouvrait et se basculait sur une charnière, comme une boite, de l'avant vers l'arrière et  vice versa. De l'arrière, sur commande, se déplaçaient horizontalement  deux vérins rectangulaires, s'enfonçant dans le moule par 2 orifices afin de délimiter les trous du moellon. Enfin,  une table de finition égalisait et peaufinait le côté supérieur du bloc.

Le moule étant ouvert, on y déposait une plaque en fonte, qui allait servir de base pour le déplacement du bloc frais , sa prise et son séchage. Refermé et basculé vers l'arrière, le moule présentait donc la plaque vers l'avant, ce qui veut dire qu'on allait mouler le moellon, non pas de bas en haut, mais latéralement.

Dès qu'on avait jeté un peu de béton (très sec) dans le fond du moule, tous les pilons se mettaient à damer toute la surface. Ensuite, venaient de l'arrière les vérins simulant les trous du moellon. On jetait encore un peu de béton et on damait les ailes avec les pilons étroits 1-3-5. On apportait encore un peu de béton pour  la seconde paroi, que l'on damait avec tous les pilons. Ensuite, une table de finition (tôle de forte épaisseur) raclait le béton superflu et tous les pilons achevaient  le bloc en frappant sur la table.

On remontait alors tous les marteaux, on ouvrait le moule et on emportait le bloc pour le faire sécher en longues rangées à l'intérieur du hangar. Après quelques jours, ils étaient devenus suffisamment durs pour être stockés à l'extérieur.

Les beaux blocs de façade moulurés que l'on retrouve encore parfois de nos jours, se faisaient avec un moule à parois spéciales.

Pendant des décennies, le quartier vécut accompagné du « roum-dou-doum » de la vieille machine qui retentissait à longueur de journée, tant et si bien que pour le voisinage, le calme du dimanche paraissait chose anormale.

Par la suite, Edmond décida d'ériger  à l'endroit de la moellonnerie  une maison pour une de ses 3 filles, et un nouvel hangar, plus spacieux, prit donc place derrière la maison.

La partie droite de ce hall était réservée à la machine à moellons et à la préparation du poussier et du ciment. La partie gauche servait  d'endroit de séchage et de durcissement des blocs sortant de la machine. De nos jours, ils servent encore de garages aux locataires des appartements.

Cette fabrication assez artisanale ( un bloc à la fois) se poursuivit jusqu'après la guerre. Elle fut remplacée par les tables vibrantes qui faisaient encore plus de bruit et donnaient des moellons encore plus difformes. C'est dans les années 1960 que la moellonnerie fut déplacée à Bièvre à la Virée du Dos.

Modeste PONCELET de Porcheresse, avec ses fils Clovis et Emile, furent les principaux fabricants de moellons, ici à la Gare. Après le transfert de la moellonnerie, ils continuèrent encore quelques temps avec Arsène Ramlot à fabriquer des hourdis en briques creuses. Puis tout fut transféré à Bièvre, le chantier devint désert et le quartier retrouva un peu de calme.

-14. L'AUTOCAR


En 1926, un autocar circulera de Graide-Station vers la Semois jusque Bohan, en passant par Bellefontaine. Il sera suivi d'autres services d'autobus.

15. LE TABAC DE LA SEMOIS


Les tabacs de la Semois étaient amenés par les planteurs et entreposés à Graide-Station dans le magasin d'en bas (ancienne salle " Al' Bounante " aujourd'hui démolie

Dès leur arrivée, chaque lot de tabac était évalué par un délégué du Boerenbond, qui examinait entre autres, les points suivants :

Le triage des feuilles, car le planteur mettait à part les feuilles inférieures (dites de sable, parce qu'elles avaient poussé sur le sol et étaient souvent abîmées), les feuilles restées vertes, trop petites ou endommagées, trouées, grêlées etc.  Ceci constituait ce que l'on appelait " le petit " et  il était payé moitié-prix du "grand "
La couleur des feuilles, leur état et leur résistance à l'étirement
Le goût naturel du tabac,  pour en apprécier sa bonne conservation
La combustibilité des feuilles que l'on perçait au moyen d'un crayon incandescent de charbon de bois
L'arôme de la fumée qui s'en dégageait alors.
Tous ces examens recevaient une cote, dont l'ensemble déterminait le prix du lot.

C'est en raison de ces contrôles de qualité que les planteurs tenaient à accompagner leur lot jusqu'au dépôt. Un peu aussi, l'occasion d'une " petite sortie " et les cafés ne manquaient pas !

Le grenier du Boerenbond servait aussi d'entrepôt. Dans ce grenier se trouvait la table-bureau des accisiens, dont le tiroir était fermé à clé. Cette clé était déposée dans une enveloppe scellée. Pour fermer le grenier, une trappe au dessus des escaliers, elle aussi fermée par un cadenas, dont la clé était conservée dans une seconde enveloppe scellée.  Les accisiens confiaient ces enveloppes au gérant des lieux qui devait leur remettre à leur prochain contrôle. Personne n'avait le droit d'entrer dans un local où du tabac était entreposé, sans la présence des accisiens. C'était très strict. Surtout qu'en plus bien souvent, le magasin était gagé chez un warrant.

Ensuite, le Boenrenbond décida de construire un hangar spécialement aménagé pour contenir le tabac. Un premier hangar de 20 x 10 m. fut construit derrière le magasin, le long de la route de Baillamont. Construit en poutrelles de fer recouvertes de tôles galvanisées, il comportait un étage.

Fut également montée dans ce magasin, une presse hydraulique destinée à confectionner, au départ des bottes, de gros ballots de tabac de 200 à 250 K°, ce qui évitait de garder le tabac, lot par lot, et ainsi facilitait le contrôle des accises.

Dès l'entrée, les lots similaires étaient regroupés par catégories A B ou C.

Ces grosses balles d'un m³ étaient alors entassées sur une hauteur de 5 ou 6 en les faisant basculer les unes sur les autres. Un genre de tabouret faisant escalier permettait de hisser une balle sur l'autre.

Par après, ces ballots étaient chargés sur wagons et expédiés dans les fabriques de tabac et de cigarettes.

Un second magasin, de 30 m x 15 fut ensuite construit contre le premier, ce qui donnait plus d'aisance au travail.

Tout ceci se poursuivit jusqu'en 1940. La majorité du tabac entreposé avait déjà été évacuée avant la déclaration de guerre. Il ne restait ici que la dernière récolte et le magasin fut scellé par l'autorité allemande.

Dès 1940, le tabac est devenu une marchandise rare et recherchée, au point que la fraude reprit de plus belle. Les passages à travers bois, surtout vers la France, se multiplièrent. Il est resté pendant quatre ans, une monnaie de troc par excellence.

Tout cela est bien loin maintenant. Qu'en reste-t-il ? Un musée à Vresse, , quelques planteurs soucieux de perpétuer la tradition, le musée-magasin de Vincent MANIL à Corbion, des champs de sapins de Noël ou des friches …

Graide-Station - Le tabac



Graide-Station : Chargement des balles de tabac en présence de 2 accisiens dans l'ancien entrepôt  Moline.

16. L'ELECTRICITE


Les années 1928-1929 ont vu arriver dans la région une ligne principale à haute tension 15.000 volts venant de Hastière. Elle alimentait toute la région de Mesnil-St-Blaise, Beauraing, Pondrôme, Gedinne, Monceau, et Bohan. Elle était dénommée "La  Luxembourgeoise 1" et sa longueur avoisinait les  60 kilomètres. De multiples dérivations s'y ajoutaient pour desservir toutes les localités environnantes. Un aoto-transformateur haute tension régulait la tension à mi-parecours dans la cabine de Pondrôme. Dans ces 6 villages dotés de cabines principales, généralement dénomée " Cabine 1 ", habitait un cabinier qui était responsable des manoeuvres de coupures et d'enclenchements dans ces cabines mais aussi de tous les dépannages des réseaux s'y rattachant..

Sur de telles distances de réseau, inutile de préciser que les pannes de courant étaient très régulières et s'éternisaient des journées entières. Il est important de noter que la communication entre ces différents intervenants se faisait uniquement par des téléphones fixes, les déplacements s'effectuaient à vélos ou à pied, plus tard en motos,  à toutes heures du jour ou de la nuit, et dans des conditions climatiques souvent très pénibles. Lorsque le cabinier était en déplacement, c'était souvent son épouse qui assurait la permanence téléphonique, qui notait l'avancement des travaux, les différents appels des abonnés ou des mayeurs qui tentaient de  rassurer la population. Toutes ces familles des cabiniers vivaient solidaires au rythme des aléas du réseau.

Les réparations s'effectuaient avec très peu de moyens. Lorsque l'agent arrivait dans un village, avec quelques menus outillages et matériels, il devait localiser la panne, puis souvent commencer  par aller emprunter l'échelle de la ferme la plus proche ! Lors des grands vents, plusieurs pannes survenaient en même temps sur la ligne et il fallait attendre qu'elles soient réparées en amont pour découvrir par la suite les problèmes qui subsistaient en aval. Quand la ligne à haute tension était de nouveau en service, il fallait encore effectuer tous les dépannages sur les lignes à basse tension qui étaient à cette époque en fils nus (non isolés). Les courts-circuits étaient donc très fréquents et le fil fusible était bien utilisé. Époque héroïque !

Nos villages virent donc  de nouveaux poteaux de bois s'ajouter à ceux du téléphone, ainsi que de hautes ferrures se déporter sur les façades, sans trop de soucis de l'esthétique.

Dans les maisons, les installations électriques étaient apparentes et se résumaient souvent à 2 fusibles, un compteur, quelques interrupteurs et sockets en porcelaine, parfois aussi une ou deux prises de courant. La puissance de l'unique ampoule éclairant la pièce était le plus souvent de 25 watt et le traditionnel abat-jour était de ce fait bien utile. Au début, certains villages étaient alimentés en 110 volts.

L'énergie était parcimonieusement utilisée et l'on allumait la lampe le plus tard possible. Dans ce contexte, pour augmenter un peu les consommations, la société d'électricité avait chargé les cabiniers de distribuer gratuitement à chaque ménage une ampoule de 60 watt, mais avec la condition de retirer devant le préposé, l'ampoule plus faible et de la remplacer par la nouvelle plus puissante. Très souvent, le cabinier n'avait pas encore retraversé la rue que l'ancienne ampoule avait repris sa place et il fallut des années pour habituer la population à moins d'économie.

Avec le temps, cette ancienne ligne haute tension s'avéra trop faible pour la consommation sans cesse croissante et elle fut scindée en de multiples tronçons, alimentés au départ des nouvelles sous-stations 70.000 volts de Pondrôme et de Monceau.

Les mentalités ont changé et nous en sommes arrivés à une époque de gaspillages déraisonnés. Depuis peu, de nombreuses études prônent le retour à une gestion responsable des énergies et cela s'avère de plus en plus vital pour l'ensemble de la planète.

Dans cette optique, de nouvelles technologies remplacent  peu à peu l'énergivore ampoule à incandescence. Depuis 2010, le parc éolien de Bièvre comportant 7 éoliennes hautes de 150 mètres, soulage la sous-station de Monceau pour une puissance de 14 mégawatt, soit la consommation de 7.500 ménages et alimente ainsi notre village.

17. L'eau courante


L'année 1937 apporta la distribution d'eau courante dans les habitations grâce aux pompes électriques alimentant des châteaux d'eau construits sur le haut des villages. L'installation d'eau dans les maisons était sommaire, souvent un robinet d'eau froide alimenté par un tuyau en plomb. Par économie encore, il fallut quelques temps pour abandonner définitivement le puits.

18. La guerre de 40-45 à Graide-Station


Louis avait 16 ans et dans les "Souvenirs de Louis", il nous a rappelé ces années noires :

Au matin du vendredi 10 mai 1940, à la gare de Graide, on apprenait le bombardement par les allemands de la gare de Jemelle. Les nouvelles étaient alarmantes et tous ceux qui avaient connu les atrocités de la grande guerre et les villages brûlés s'enfuirent vers la France dans de longs convois de chariots. L'après-midi les troupes françaises traversèrent le village et se dirigèrent vers Graide.

Le samedi, les colonnes de réfugiés s'allongeaient encore, accompagnés cette fois des soldats français qui rebroussaient chemin. La situation devenait grave, les avions allemands passaient et repassaient dans le ciel et mitraillaient de temps à autres... Un soldat marocain fut abattu par ces avions devant la chapelle. En fin de nuit, des motocyclistes allemands patrouillaient dans le village, vêtus de leurs grandes gabardines cirées grises, à la recherche de soldats français.

Le dimanche matin, venant de Naômé, empruntant le petit chemin en face, les premières colonnes de tanks se dirigèrent  vers Monceau. Puis suivirent les camions et une marée grise envahit d'emblée le village. Les maisons désertées par la population furent rapidement pillées. Une occupation de 4 ans venait de commencer !

Les unités de passage se relayaient et dormaient dans les maisons vides où des " dortoirs " avaient été aménagés avec de la paille.

Peu de sabotages avaient pu être effectués sur les lignes de chemin de fer et du personnel des chemins de fer allemands, aux belles casquettes rouge vif eurent tôt fait de remettre la gare en état de marche. Un chemin fut construit entre la route de Naômé et le bout du quai (chemin qui dessert maintenant le Sous-Bois) et ainsi un sens giratoire put être établi sur le quai, ce qui accélérait grandement la rotation des camions.

Les trains de ravitaillement venaient d'Allemagne jusque Graide (c'était probablement pareil aux autres gares). De là, des colonnes de 10 gros camions militaires de 10 tonnes conduisaient tous les approvisionnements vers la France. Les travaux de transbordement étaient confiés à l'Organisation TODT. Cette organisation était composée de jeunes allemands non encore enrôlés dans l'armée, mais qui effectuaient un service de travail pour le compte de l'armée. Ils n'étaient pas armés. Ils défilaient avec une bêche sur l'épaule. Leur tenue était brun-clair. Dans la chapelle, les allemands avaient parqué des prisonniers français qui aidaient aussi au déchargement des wagons.

Une autre anecdote, c'est qu'Hitler passa à la gare de Graide. Ce n'était pas vérifiable, mais un jour, il fut interdit à la population de sortir, car on attendait le passage d'un train blindé spécial.  Or, Hitler a séjourné dans son train, caché dans un tunnel près d'Yvoir, d'où il dirigeait la campagne de France.

Par la suite, vu la progression rapide des envahisseurs en France, les passages de troupes diminuèrent et il resta dans la région les troupes dites d'occupation.

Il fallut continuer à vivre et à travailler comme avant, avec la présence de l'occupant, avec un manque de liberté considérable, un manque de bras aussi, dû à l'absence des prisonniers, un manque de nourriture surtout dans les villes, une réglementation draconienne à tous points de vue, des contrôleurs dans tous les domaines, une organisation commerciale contraignante et une pénurie de marchandises, entraînant le commerce noir et la fraude, un manque de moyens de transport ( autos, camions), une méfiance viscérale envers tout qui semble collaborer, ou a eu un passé rexiste avant-guerre, une méfiance aussi grande envers l'armée blanche, surtout au début, lorsqu'elle n'était pas structurée et qu'il était difficile de faire la distinction entre les patriotes et les bandits. Un retour à la religion se fit sentir partout, particulièrement dans les familles éprouvées.

Sur le plan pratique, chaque commune avait, en plus du secrétaire communal habituel, un secrétaire du ravitaillement qui s'occupait de la distribution des timbres de rationnement et de toutes les paperasses  relatives à la nourriture.  Un troisième secrétaire s'occupait de tout ce qui touchait la classe agricole pour les fournitures de céréales, lait, viande, pommes de terre, etc. Et ceci, à grand renfort de déclarations, de recensements, de bons de réquisitions, de contrôles en tout genre.

Au fil du temps et des événements, un espoir s'éveilla parmi les populations occupées de voir l'Allemagne un jour ou l'autre anéantie. Lorsque le travail obligatoire en Allemagne fut introduit, de nombreux jeunes se mirent à prendre le maquis.

L'organisation des réseaux de résistance commença à se structurer et des  opérations de sabotages se multiplièrent, telles que explosions de locomotives avariées et garées dans les gares, déboulonnements de rails provoquant des déraillements, surtout dans les tunnels, coupures des lignes téléphoniques. Parallèlement à ces actions, d'autres groupes de résistants faisaient évader des prisonniers, les dirigeaient vers l'Angleterre, via l'Espagne, d'autres encore transmettaient par radio un tas de renseignements militaires, mouvements de troupe et autres. Bref, la résistance à l'ennemi s'organisait.

Les Allemands, eux aussi, au courant de ces faits, développèrent leur Gestapo, y recrutèrent des indicateurs parmi les anciens rexistes qui collaboraient avec eux. A Dinant, un centre de la Gestapo rayonnait sur tout l'arrondissement et semait la terreur partout où elle passait. Dans toute la région et à Bièvre plus particulièrement, où les autorités étaient pro-allemandes, la population a vécu des années dans la terreur.  De nombreuses exécutions civiles en résultèrent  et beaucoup d'hommes de Bièvre n'osaient plus dormir chez eux. A à la tombée du jour, ils empruntaient à pied le "petit chemin" ( longeant actuellement le cimetière militaire) en direction de Naômé, où ils se réfugiaient pour passer la nuit.

Certains rexistes des alentours furent abattus sans ménagement au détour des chemins.

Après le débarquement du 06 juin 1944 en Normandie, les Alliés mirent 2 mois à parfaire leur installation  et à engranger le matériel qui allait bientôt nous libérer ; au 1er août, ils allaient s'élancer à travers l'Europe. Leur progression en France se poursuivit à un rythme soutenu. Les maquisards, soutenus par les parachutages d'équipements, devenaient plus hardis, mais les Allemands eux aussi devenaient plus incisifs vis-à-vis du Maquis. Il leur fallait bien sûr protéger le retrait de leurs troupes et la traversée de l'Ardenne n'était pas le moindre de leurs soucis. Il leurs fallait donc mettre en oeuvre tous les moyens possibles pendant les quelques jours qui leurs restaient à occuper la région.

C'est ainsi que le 1er septembre 1944 au matin,  à là suite d'une dénonciation, les SS cantonnés à Bièvre, assistés d'autres troupes allemandes (environs 1200 hommes) encerclèrent le  maquis de Graide (37 maquisards). Ce camp se trouvait à la Virée des Houlines, entre Graide et Haut-Fays, dans les bois à l'arrière de la Ferme de l'Avrainchenet. La veille, le 31 août,  une voiture pilotée par des officiers allemands avait été aperçue en repérage aux environs de la ferme. Préparaient-il une partie de chasse comme ils en avaient l'habitude, cela suscitait au camp des résistants beaucoup de questions et  la vigilance  était de mise.

Un combat acharné et inégal se déroula toute la matinée, il occasionna de fortes pertes  dans les rangs ennemis, mais  il coûta la vie à 17 maquisards: 5 de Graide, 5 de Naômé, 5 de Patignies et 2 autres.

Pour lire de nombreux  témoignages et coupures de Presse d'époque sur "Le Maquis de Graide", cliquer sur


Le Maquis de Graide

Chaque année, le 1er dimanche de septembre, une messe est célébrée à la chapelle du Maquis, devant la roche où tombèrent nos héros. (Itinéraire: Graide, Gembes, Le Mont, puis suivre le fléchage.)

Les jours passaient, les Alliés approchaient, l'impatience augmentait. Jusqu'à un certain 6 septembre 1944, un jour sec et gris. Dans l'après-midi, pouvait-il être 4 ou 5 heures, le premier véhicule américain, étoile blanche sur le capot, arrivait au pas à Graide-Station.

Bientôt, un train complet de matériel du génie, occupa une grande partie de la gare. Un wagon fermé servait d'abri et de couchette pour les 5 américains qui gardaient le convoi.

Sur et dans les wagons, du matériel comme nous n'en avions jamais vu. De gros engins chenillés (on sut par après que c'était des bulldozers),  des machines de génie et des outils  différents des nôtres, de grandes recèpes à la denture inconnue de nous, les premières tronçonneuses à moteur imposantes à manier par deux hommes, sans savoir ce que recelaient les wagons fermés. Aussi, nous voyions pour la première fois des wagons américains : plus longs et  plus étroits que les nôtres (pour le transport maritime), faits de contre-plaqué, avec des portes immenses

Et les américains, avec une gentillesse sans autre pareil, offraient à tous, ce qu'ils avaient, du café soluble, des chewing-gums, du chocolat et des cigarettes à profusion. Pour nous qui avions été privés de toutes ces friandises depuis 4 ans, c'était le Paradis !


Puis la mi-décembre arriva et on commença à parler du retour des Allemands. Ils avaient contre-attaqué à la frontière allemande. On n'osait y croire... Allait-on encore une fois revivre la guerre et les combats?

Dès que la menace devint sérieuse, le train américain et la troupe qui l'accompagnait (qui stationnait à Bièvre), partirent. Nous n'avons jamais su où, ni ce qu'ils sont devenus.

Les Américains partis, nous nous sentions esseulés et l'arrivée des réfugiés venant de la région de Bastogne n'était pas pour nous rassurer.

Depuis le 16 décembre, la bataille faisait rage dans la neige et le brouillard persistant, clouant l'aviation au sol. On signalait les allemands derrière Libramont et du côté de Rochefort, le canon se faisait entendre. Les activités se paralysaient, la frousse reprenait le dessus avec l'appréhension des représailles éventuelles en cas de retour des allemands.

Le jour de Noël, ce fut un signe, le ciel s'était dégagé; le froid restait intense, mais un magnifique soleil luisait.  Le vrombissement des avions commença à remplir le ciel, assez haut. Etaient-ils allemands .. ou alliés .. ?

Cette journée de Noël fut un tournant dans l'offensive Von Rundschtet.

Fin janvier, les Alliés avaient reconquis leurs positions sur la frontière allemande, mais au prix  de considérables souffrances. Il fallu encore  attendre le mois de mai pour venir à bout du III° Reich et d'Hitler.

19. LES FÊTES ET LES « DICÔCES »

19. Les fêtes et les "dicôses"


Il fallut attendre la fin de la guerre en 1945 et la défaite de l'Allemagne pour voir rentrer petit à petit les prisonniers. Parmi eux, beaucoup de personnes que je n'avais guère connu avant 40, puisque la plupart d'entre eux étaient mobilisés depuis 1939, nous raconte ce témoin.

Ce fut pour beaucoup de joyeuses retrouvailles, bien que souvent teintées de nostalgie. Il s'en passe en 5 ans. Des enfants que l'on n'a jamais connu, d'autres qui ne reconnaissent pas leur père, des fiancées de 1940 qui en ont épousé un autre, des parents décédés, des prisonniers rentrant au bras dune Polonaise ou d'une Russe. Une foule de circonstances spéciales que chacun dut assumer comme il put.

On n'arrête pas le monde. La terre continue de tourner !

Ce fut donc dans la liesse qu'on organisa dans chaque village, une fête des prisonniers, avec cavalcade de chars et les premiers bals depuis 5 ans.

Pour ma génération, qui n'avait connu que l'occupation, tout était nouveau. On ne savait pas danser, on n'avait jamais été à la fête, que lorsqu'on était gosse.

En participation avec le village, Graide-Station prit part aussi à la fête et organisa son propre char. Nous représentions la Victoire et les Alliés, américains, anglais, russes…. Et le premier bal à la gare eut lieu dans le garage Warin.

Dans chaque village, ce fut le même scénario qui se poursuivit pendant des années.

Bal populaire dans les rues, sur les places, dans la sciure ou sur un plancher à tous les vents, à la grosse musique. Puis l'accordéon revint en force; les salles, bien souvent inadaptées cédèrent la place aux guinguettes. Maintenant, on loue de grandes tentes et il y a des salles des fêtes.

Les musiciens, à l'époque, se faisaient payer à la danse. Après la première partie de la danse, chacun donnait le bras à sa cavalière et on formait un cercle tandis qu'une personne percevait la monnaie, soit 0.25 - 0.50 -1 frs. Puis, le système se modifia; on achetait alors des cartes qui remplaçaient la menue monnaie, mais on tournait toujours. Ce n'était pas le système idéal, mais lorsqu'on dansait dans les cafés, il était difficile de faire autrement. On ne pouvait pas pénaliser les consommateurs qui ne dansaient pas, en leur faisant payer l'entrée de l'établissement. Ce n'est qu'avec l'apparition des guinguettes que  les entrées furent payantes pour tous.

Les bals se limitaient souvent à la fête du village. Alors, on dansait deux, trois ou quatre jours, suivant la coutume locale. Pas question comme maintenant de courir les bals tous les samedis et d'en faire 3, 4 sur la soirée. Ceux-ci débutaient bien plus tôt que maintenant et duraient moins longtemps, la fatigue accablant les musiciens.

Après la guerre, seuls la marche ou le vélo permettaient les déplacements des jeunes. La fréquentation des bals se limitait forcément à quelques villages voisins. Il faut dire aussi que les jeunes étaient loin de recevoir l'argent qu'on leurs alloue actuellement.

Cette fréquentation limitée des bals alimentait aussi les animosités séculaires qui régnaient entre certains villages. Cela amenait quelques fois de belles bagarres entre les villages avec les revanches que l'on suppose,  à la fête suivante.

Ces pratiques se sont progressivement estompées, car les villages ont changé, comme aussi les esprits. Lorsque sont apparues les mobylettes, elles ont permis des déplacements plus rapides et donc plus fréquents, ce qui a entraîné plus de contacts entre les villages.

20. LA TELEVISION ET LES ANTENNES


Les plus anciens du village ont encore le souvenir des quelques séances de cinéma qui furent organisées dans l'ancien magasin à tabac après la guerre.

Au début des années 1960, les premières télévisions à "lampes" arrivèrent dans nos contrées et l'on commença à voir pousser sur nos toits d'étranges installations d'antennes. Ces montages ne durèrent qu'une vingtaine d'années et cela mérite de s'y attarder un peu.

Il fallait tout d'abord en marchant sur des échelles plates posées sur le  toit, aller positionner au sommet la base faîtière destinée à accueillir le pied du mat, puis visser en contrebas sur les 2 versants 4 solides anneaux à égale distance de la faîtière, plus ou moins à 1 mètre des corniches pour s'assurer d'un accès aisé. Les mats étaient télescopiques, constitués d'éléments de 2 mètres coulissants les uns dans les autres. Les hauteurs totales les plus utilisées  étaient 7, 9 et 11 mètres.  La situation de la maison dans le relief déterminait ce choix. Après avoir attaché aux anneaux les 4 premiers haubans et les avoir ramenés au faîte du toit, le mat d'antenne pouvait être positionné verticalement et maintenu par ces haubans garnis chacun d'un tendeur inséré à 30 centimètres du mat. L'aplomb de ce dernier était vérifié au niveau et corrigé par un réglage de tension. La première échelle de mat pouvait s'appuyer sur le faîte et être fixée au mat par ses 2 brides. L'opération se répétait autant de fois qu'il y avait d'éléments de 2 mètres à sortir en ajoutant chaque fois un morceau de 2 mètres d'échelle fixée au mat. Tous les 2 mètres aussi, un trou était foré de part en part du mat puis une goupille y était logée afin de solidariser les différents éléments.

Les dernières nappes de haubans étaient toujours en câble inox afin de garantir plus de solidité dans le temps et une certaine sécurité  lors d'interventions futures de remplacements d'antennes ou de réglages divers. Le dernier tronçon du mat avait une hauteur de 1 mètres et était destiné à la fixation des antennes. A cette hauteur, les points de vue étaient souvent uniques !

Dans les premiers temps, il était habituel de placer, selon ses moyens, de 1 à 3 antennes. La plus courante  était assez longue, avec des "râteaux" positionnés horizontalement et captait les 2 postes de Bruxelles et Luxembourg. Une seconde très semblable avait des "râteaux" positionnés verticalement permettait la réception de TF 1 et enfin une troisième, plus courte, avec des  "râteaux" en V  recevait FR 2 et FR 3. Ces antennes devaient être rigoureusement orientées à la boussole vers le poste émetteur choisi. Cinq postes étaient donc disponibles en "noir et blanc".

Chaque antenne était reliée par un fil bipolaire plat de 1 cm de largeur a une prise d'antenne proche du téléviseur. Il y en avait donc souvent 3 et il fallait changer de prise et de sélection pour changer de poste.

Rappelons encore que tout ce montage sur les toits  se faisait sans filets ni ceintures ou système de sécurité, on marchait dans les corniches et sur les échelles plates, quant au mat, l'on se tenait  tout simplement en passant une jambe autour, afin de garder les mains libres pour travailler. La sécurité était très peu abordée en ce temps-là !

Par la suite, les "lampes" furent remplacées par des "transistors" beaucoup moins volumineux et plus fiables. La technique s'améliora et l'on put recevoir plusieurs postes avec une seule antenne tournante, grâce à un petit moteur que l'on plaçait au dessus du mat et que l'on commandait près du téléviseur.

Dans les vallées profondes de la Semois, où le signal ne pouvait être capté, des antennes dites "collectives" avaient été placées sur des sommets. Elles alimentaient un petit réseau privé de distribution dans le village, c'était le cas notamment à Alle et à Bohan dans les années 70.

Vers 1980, notre village fut câblé et raccordé à la station d'antennes de télédistribution de Jéhonville et les antennes de nos toits furent démontées. La TV couleur détrôna alors définitivement le "noir et blanc" et une bonne vingtaine de postes étaient disponibles.

Vers 2007, les écrans plats se démocratisèrent sous différentes technologies, (cristaux liquides, puis LED) et remplacèrent de plus en plus les imposants téléviseurs à tube cathodique.

L'année 2009 vit l'arrivée en force du numérique, délivré aussi sur réseau téléphonique. Plus de 70 postes furent disponibles ainsi que de nombreuses options d'utilisation.

Que de d'avancées technologiques sur ces 50 années !

31. LA RESTAURATION DU CAFE HUET


Comme nous l'avons vu, cette maison a été habitée pendant 95 ans par une famille composée de femmes, et les lieux furent conservés dans leur état initial. Lors de la restauration du bâtiment en 1990, une attention particulière fut apportée pour préserver le caractère authentique de l'endroit. Le cadre intérieur est resté familial et chaleureux même s'il a été doté d'un bel équipement professionnel. En effet, de 1991 à 1996, cette maison fut exploitée comme restaurant. La grande terrasse, le beau jardin, le majestueux chêne plus que centenaire contribuent toujours à entretenir la belle énergie du lieu. Une maisonnette de jardin abrite un barbecue bien pratique en toute saison. Il fut inauguré en août 2007 par des touristes québécois bien sympathiques.

En 1996, la maison fut classifiée "Gîte Rural 3 Epis" par le Commissariat Général au Tourisme et labellisée "Gîte de Wallonie". Elle perpétue ainsi sa très longue tradition d'accueil.

Vous connaissez à présent son histoire, celle du village et de ses habitants, les différentes évolutions qu'ils ont rencontrées. A votre tour, venez la découvrir et vivez-y des jours heureux, dans le respect des lieux, tout en gardant en mémoire le souvenir de nos anciens et d'un certain "bon vieux temps" !

Très bon séjour en  Ardenne …

Danièle Bodet et

Dominique Baijot, propriétaire du gîte, décédé le 22-12-2012.





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